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[Note de conjoncture] Evolution du marché des déchets d’entreprises à février 2019



Evolution du marché des déchets

Le marché des déchets est à un tournant sans précédent dans son histoire.


Le marché des déchets avait déjà été significativement impacté l’année dernière avec la fermeture des marchés asiatiques à certaines matières de basse qualité, principalement les cartons et les plastiques. Le carton a perdu à peu près la moitié de sa valeur depuis mi-2017 et l’on a vu des films plastiques, qui se vendaient à plus de 200€/tonne, partir en incinération au coût du DIB (=déchet en mélange, environ 100€/tonne) faute de repreneur sur notre vieux continent. Un surcoût de 300€/ par tonne expédiée : une douche froide que certains industriels ne sont pas prêts d’oublier !


Dans le même temps le report de ces volumes sur le marché européen a fait grimper les exigences de qualité des matières reçues tout en faisant chuter les valeurs de reprise...

Juste revanche ! Les filières françaises et européennes avaient en effet beaucoup souffert de la concurrence de la Chine sur les matières cellulosiques (papiers-cartons), qui proposait des prix de rachat très hauts pour des qualités de matières médiocres : la matière filait en Asie (car mieux rachetée) et l’on fermait ici nos usines papetières faute de matière.


Fin 2018 de nouveaux éléments impactent fortement le marché, certains étant liés à la mise en œuvre de la loi de Transition Energétique, les autres au marché mondial.


Mais avant, pour bien comprendre : en théorie aucun déchet non « ultime » n’est censé se retrouver en décharge depuis la loi 13 juillet 1992. Dans les faits, sans contrôle ni sanction, beaucoup de matières valorisables finissaient malgré tout en enfouissement qui reste le 1er mode de traitement des déchets en France (loin devant l’incinération et le recyclage).


MESURES AU DERNIER TRIMESTRE 2018


Pour détourner ces matières valorisables de la destruction et encourager les réflexions autour du Zéro Déchet, les pouvoirs publics ont pris le taureau par les cornes en appliquant une série de mesures au dernier trimestre 2018 :


1. La mise en place de contrôles sur les centres de traitement des DIB (décharges et incinérateurs) pour s’assurer que seuls les déchets ultimes soient acceptés. En cas de contrevenance à cela, une amende de 151€/tonne est appliquée assortie d’une obligation de retourner sur centre de tri.


=> Il était courant pour les prestataires d’emmener des déchets valorisables en mélange directement sur les filières de traitement : par commodité, parce que le tri leur revenait plus cher ou tout simplement car il était techniquement impossible de séparer les matières une fois mélangées entre elles. Cela ne sera désormais plus possible. Conséquences : les producteurs de déchets devront séparer les matières chez eux et les prestataires déchets trier davantage. Dans certains cas il y aura un impact sur le transport pour le producteur du déchet puisque, au lieu d’envoyer directement ses déchets vers le centre de traitement, ils devront systématiquement passer sur un centre de tri afin de retirer toute part ultime.


2. La réduction des capacités des centres de traitement au 1er janvier 2019 : Les capacités de traitement de chaque centre (enfouissement, incinération) sont déterminées par décret. Ces capacités ont été réduite de manière significative pour 2019 et devraient l’être encore davantage en 2020. D’autre part certaines unités sont en fin d’exploitation et leur autorisation n’est pas renouvelée.


=> Cela entraîne mécaniquement une hausse des coûts de traitement puisque le centre doit continuer à être rentable avec moins de volumes. Les hausses peuvent atteindre plusieurs dizaines d’euros à la tonne selon les exutoires ce qui représente dans certaines régions des augmentations de plus de 50%. D’autre part cette situation peut créer des tensions (engorgement) dans certaines zones menant à des coûts de transport plus élevés : si l’exutoire le plus proche est saturé – les déchets ménagers restants prioritaires – les déchets issus des entreprises devront être acheminés plus loin. Et encore, les déchets produits dans un département n’ont pas toujours l’autorisation de se faire traiter dans un autre… Ce qui signifie aussi que même en payant cher l’on pourrait ne plus savoir où faire traiter ses déchets ? A suivre…


3. La hausse du prix du gasoil : les prix du gasoil ont enregistré une hausse importante du fait de l’alignement progressif du prix du gasoil sur celui de l’essence et de la hausse de la fiscalité écologique. De plus les prestataires sont confrontés à une pénurie de chauffeurs sur certains bassins d’emploi ce qui peut engendrer des hausses de prix plus fortes localement (tout comme l’engorgement de certaines villes). Enfin, la suppression de l’avantage fiscal dont bénéficiait le gasoil non routier (utilisé pour alimenter les engins sur les centres de tri) impacte directement les frais d’exploitation des centres de tri.


=> Conséquences : des hausses sur le prix de la collecte des déchets et les frais de tri/mise en balle.


4. La toujours plus grande exigence des filières concernant la qualité des cartons / plastiques qui entraîne un tri plus poussé et donc un coût lié au sur-tri. Souvenez-vous : plus de matières (ou déchets valorisables) sur les marchés européens = plus d’exigences de la part des filières, mais aussi un maintient des prix élevés pour ceux qui sauront faire de la qualité. Car en parallèle les ressources continuent à se raréfier, le déchet reste un gisement insuffisamment exploité à aujourd’hui.


A noter : la TGAP (Taxe Générale sur les Activités Polluantes) est cependant quasiment stable en 2019 (mais doit tripler d’ici 2025 : passer de 25€/T à 65€/T). La prochaine hausse significative est prévue pour 2021.


ALORS QUE FAIRE ? 


C’est un fait, le déchet coûtera de plus en plus cher à traiter et à transporter.

D’abord, il faut tendre à le réduire ou à le supprimer : agir sur les volumes reste le plus sage des leviers.


Ensuite, les déchets valorisables doivent redevenir ce qu’ils étaient avant d’être « déchet » : des matières. Si déchet il y a, qu’il soit un déchet de qualité auquel vous pourrez donner le nom de « matière ».


Enfin si l’on veut agir sur le transport on peut le faire à deux niveaux : sur la proximité de ses filières et sur la densification de ses déchets/matières.


Tout le monde a intérêt à tirer vers le haut cette économie du déchet d’un autre temps auquel on avait fini par s’habituer. Non ! Creuser un trou et y déverser ses déchets n’est plus un fonctionnement viable aujourd’hui. Les énergies et les idées sont là, l’économie circulaire n’attendait qu’un coup de pouce pour prendre son envol…


Valorisons nos Ressources !


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